lundi 16 mars 2015

des effets du langage

il y a de cette histoire des effets dont je ne suis pas encore remise, qui ressurgissent en des soirs où l’envie me prend de relire d’anciens messages, archivés dans un espace du monde virtuel qui a été le nôtre pendant des années. cet espace, on l’a écrit à notre corps défendant, en proie à une violence irrésistible et belle, celle née du silence et du manque, qui nous poussait à venir, selon le tour à qui ça revenait, mettre du mot. je dis corps et pourtant on n’y était pas, on n’y était plus ; il ne restait de nous que l’absence qu’on y avait laissée. dans cette écriture de l’après, on était tout entiers fiction de l’absence, fiction du vide bornée à dire l’impossible.

tu es un nom accroché dans la tête où je puise des mots pour penser, rêver, parler. un nom avec un visage, repérable entre mille dans le cadre des fenêtres ouvertes au quotidien. tu es ce fantôme de ta propre absence qui défile sous mes yeux : fuyant, intouchable, étrangement familier. vois-tu comme j’ai sublimé, vois-tu comme ton nom a pris dans mon univers des proportions démesurées ?

en aurai-je un jour assez dit sur le mal qu’on s’est fait du bien à se faire ?

c’était à qui laissait le mieux tomber, c’est-à-dire le plus mal possible. que la demande n’essuie pas de réponse parlait en silence le pouvoir de l’autre. ces instants où je m’assujettissais à prendre la parole, où tu t’effaçais sous la possibilité de ne pas écouter – de n’y être pas concerné –, j’en suis sortie flouée.

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mercredi 5 novembre 2014

la mascarade

ça fait que j’étais dans le bain en train de jaser au tel avec J. de son aventure de la nuit dernière. il faut dire que J., après quelques années de vie à deux, est de retour dans la grande mascarade du célibat… pis qu’elle trouve pas ça jojo. je comprends, remarque, quand ta vie se résume à spotter le plus beau gars du bar, à interpréter tout croche le degré du désir de l’autre, à pas te souvenir de tes baises de la veille pis à attendre en vain une réponse à un texto. ça suck la marde, cette game-là, pis le problème c’est que si tu veux te donner une chance de rencontrer un jour le bon, ben t’es un peu obligé de la jouer, la game. au risque de faire semblant. pis de finir par dire à ton amie, après avoir faké de rire pis de dire que la soirée de la veille t’a littéralement flabbergastée :

- j’hais ça, esti. moi avec j’veux de quoi de steady.

ça venait juste après le « j’ai juste le goût d’aller me saouler ; quand j’suis saoule c’est l’fun », juste après que j’aie répondu que ça servait à rien, que c’était l’fun pour trois secondes pis que le lendemain elle allait se sentir comme d’la marde anyways. en terme d’aveu, donc, on pensait pas aboutir à un si brillant résultat, qui disait bien tout le paradoxe de la grande mascarade du célibat.

vendredi 5 avril 2013

c'est bon du popcorn au sirop d'érable

l’autre fois j’ai reçu une lettre du registrariat de l’uqam avec mon nom dessus. je l’ai ouverte avec empressement pour y trouver une feuille pliée en trois, sur laquelle je pouvais déjà lire, écrit en gros avec un point d’exclamation, un félicitations tout bien centré qui précédait un paragraphe disant à peu près (je l’ai su en dépliant la feuille)

yo yo yo
acceptée
maîtrise
sup sup sup

(le registrariat de l’uqam fait du rap c’est pour ça. ça rend les lettres formelles un peu plus funky.)

bon depuis ce temps-là j’épie mes profs j’me magasine un directeur ou une directrice de recherche. je mesure le sex-appeal de leur intelligence, l’intérêt de leur domaine d’expertise, le charme de leur personnalité.

pis là je suis dans marde parce que je suis intimidée.

mettons je travaillerais avec samuel archibald. l’autre fois je l’ai juste croisé dans un corridor, il m’a saluée pis j’étais tellement gênée que j’ai gloussé comme une maudite étudiante groupie. bon ça a quand même fait ma journée, que je venais de passer jusque là à pleurer ma vie parce que j’étais allée porter ma démission au renaud le matin.

COUP DE THÉÂTRE

ben oui c’est fini c’est révolu le temps de librairie. vous trouverez votre hosto d’exemplaire de fifty shades sans moi.

jeudi 21 mars 2013

gary s'est enfui de l'aquarium

gary est mort.

parce qu’ici c’est l’attraction première (en concurrence avec le hamac), isa regardait les animaux de notre aquarium et en faisait le compte. pomme et arnaud les escagots étaient présents. les néons des quatre ou cinq générations aussi (parce qu’ils se reproduisent constamment, ceuze-là).

mais il manquait le crabe.

ça fait qu’on s’est tous rassemblés autour de la maison des poissons et des fruits de mer pour chercher gary. ben voyons, qu’on se disait, un crabe ça disparaît pas de même. pis en plus ça peut pas survivre trop longtemps hors de l'eau, c'est dangereux.

c’est olivier qui l’a trouvé ; il était coincé entre la boîte extérieure du filtreur et la vitre de l’aquarium, séché.

pis là olivier voulait manger sa pince pis on a trouvé ça vraiment deg.

mardi 12 février 2013

futileries

ça y est je vais essayer d’être maître. j’écris ça pendant que je suis en train de pas faire mes lectures pour mon cours de poétique des genres (de marde). cohérente de même. c’est que j’ai l’humeur en fin d’hiver là avec les yeux qui veulent toujours se fermer. mais pour vrai je suis excitée. de finir mon bac pis de continuer.

l’autre fois thunder pis moi on s’en allait voir un show de louis-josé. en essayant de se stationner on est resté pris dans un banc de neige (classique). pis là y’a plein de monsieurs avec des chapeaux pis des boudins qui se sont multipliés sur un balcon. pendant vingt minutes, on s’est fait épier et juger par des bonhommes qui sont jamais, jamais venus nous aider. pendant qu’on rushait comme des demeurées avec un balais à fenêtre en guise de pelle. eille, de leur bord, ça procréait, là ! pis à la seconde où on a réussi à sortir de notre trou, ils se sont, tous autant qu’ils étaient, littéralement volatilisés. c’était pas fin en esti ça !

lundi 11 février 2013

outre-rouge

j’ai dit ça mais c’est la beauté aussi, surtout. la paix. celle dont parle la belle dans caf de flo.

l’imaginaire de l’automne s’est apaisé. je ne pense plus aux premières neiges de la même façon. et le temps passe. l’auto-symbole ne déambule plus dans toutes les rues, de toutes les villes ; ils ont élu depuis longtemps un nouveau modèle de l’année. ainsi le réel s’est vidé de ces objets à investir de mon imaginaire : je vois une image, un visage, et ça détonne comme un anachronisme.

maintenant,

je me souviens surtout du coup de fil survenu dans ta chambre, de nos corps tendus. je t’ai entendu poser des mots sur la fin, quelques secondes, et raccrocher.

j’imaginais le silence dans sa petite chambre de sainte-justine. les machines éteintes. le souffle disparu.

je me suis dit que ça allait prendre beaucoup d’amour.

mardi 13 novembre 2012

l'imaginaire de l'automne

j’ai l’imaginaire de l’automne poussé par un besoin de dire alors que tout a déjà été dit, tout a été écrit.

je ferme les yeux en route vers chicoutimi.


le soleil se couche tôt en novembre et ce soir-là les étoiles sont cachées. entre deux péripéties de gars du sag, philou penche la tête à la fenêtre et me dit que c’est le temps que je regarde. mais je vois rien.

- si tu partageais aussi tu les aurais pas toutes de ton bord !
ça fait que la route est plus sombre, plus propice aux pensées en errance qui tanguent pourtant vers l’imaginaire de l’automne. celui-là même qui hurle en mon sommeil mais peine à franchir le seuil du jour.

c’est par l’inconscient de mes rêves que le réel fantasmé ou plutôt appréhendé se présente à moi et déglingue mon regard sur le monde.

- souffle sur mes yeux vite vite souffle
j’en veux à ces instants de faiblesse, à mon amour défaillant que j’aurais voulu rose, immaculé.

jeudi 1 novembre 2012

les pouètes


aujourd’hui simon pis moi on s’est parlé un peu t’sais pis j’ai senti que les pouètes en nous n’étaient jamais bien loins

simon
fortunate son
down on the corner
bad moon rising
cest dla musique des states

T.
à soir
à l’hôp
j’vais faire une manicure à ma mamie
t’sais
elle est tellement coquette
ça doit être tannant
d’être en crisse de robe d’hôp

lundi 29 octobre 2012

« petit traité sur méduse »



c’est-tu l’automne ou ben autre chose pareil l’effet est là. j’en reviens à taper du bout des doigts des mots qui ne sont pas encore là. « il faut dire que l’enfer est le nom du monde pour tous les habitants du monde. » c’est ben énigmatique ça quignard pis à part ça c’est pas jojo. je m’en viens attends donc que j’arrive à comprendre ton livre.

« je t’apprendrai à te méfier des phrases,
de ces idées d’hommes dont tu ne vois pas le visage. »
- grenouille-rej

c’est ça qui arrive. l’approche psychanalytique du texte littéraire m’aura prise en son sein, et je me souviens de son effet, mais je cherche encore comment. écrire, c’est encore et toujours découvrir

le nom sur le bout de la langue

sinon il me reste encore un an à m’asseoir sur ces bancs-là. à frotter ma langue à des livres des profs des bureaux des verres en carton à café. est-ce que j’ai hâte je sais pas. d’un coup que je tomberais de l’autre côté du langage, de l’autre côté de l’oubli.

mais plusse longtemps d’un coup que j’en reviendrais pas l’automne suivant. j’aurais l’air de ce que quignard dit

comme celui qui tombe sous le regard de méduse se change en pierre,
celle qui tombe sous le regard du mot qui lui manque a l’apparence d’une statue.

j’aurais l’air de ça à l’infini.
d'une statue sans mots à l'infini.