jeudi 15 septembre 2011

« ses yeux verts très verts, deux fois plus verts qu'un trèfle à quatre feuilles, quatre fois plus émouvants qu'une tête de violon [...] »

oublie pas de dessiner que je pensais. je sais pas pourquoi mais j’ai eu peur que t’arrêtes. ça aurait pu venir et passer comme idée mais c’est resté, ça m’a raconté des histoires toute la journée. je pensais aussi beaucoup à nelly. hier en après-midi on a reçu une centaine de livres que je n’ai plus voulu quitter, que j’ai placés, les pupilles en cœur, sur le cube près de l’entrée. ma liberté retrouvée j’ai pédalé en vitesse vers le 2t, où j’ai pu lire, munie d’un chaï latté, ce qui à mes yeux tenait de la merveille. je pensais détenir un secret et ça papillonnait dans ma poitrine, je me sentais en tête-à-tête avec l’admiration, dans un endroit qui excluait le monde et sa rumeur incessante. puis est entré monsieur chapeau-moustache qui à son habitude m’a demandé ce que je lisais. il a fait oh il a dit oui j’ai lu l’article. je me suis dit mon dieu quel article et j’ai pris le journal que monsieur chapeau-moustache me tendait.

ben ça a pété ma bulle je dirais.

j’ai terminé le livre avec, quelque part dans ma tête, l’opinion d’au moins deux personnes médiatiques. j’avais devant moi le travail d’une écrivaine, c’est-à-dire une œuvre de création, que les médias ont ramené dans le réel pour susciter un débat de légitimité. véritable humiliation ou non, dramatisation ou pas. quelques heures après la parution du livre. déjà. j’avais le goût d’aller voir nelly dans sa tombe et de la serrer dans mes bras.

je me souviens une fois t’as dit que j’étais ta muse ça m’a fait penser à factory girl. ça m’a consolée quoi un an. je m’imaginais à new york avec les cheveux blonds ou pas. je nous imaginais dans un loft en train de faire l’amour à même le sol à même tes dessins au fusain. on aurait pu s’enduire le corps de peinture, j’aurais pu poser nue pour toi. ce qui fait pas vraiment de sens parce que tout ce que tu crées est comique. si on habitait vraiment à new york tu me dessinerais sûrement nue avec un pénis dans le front ou quelque chose comme ça, tu jouerais avec les mots pour les faire pousser en bulles au-dessus de ma tête ; tu ferais rire les gens. quand je pense à ça je me demande si tu ferais un bon andy, je me demande si en me consacrant muse tu m’as aussi réservé le sort d’edie.