mardi 20 décembre 2011

la bête et la bête

j'ai dans le sang
une eau salée
qui comme la marée remonte et descend
pour toujours te ramener
j'ai dans la bouche
un goût amer
comme si j'avais avalé toute la mer

c’était cool jusqu’à ce qu’il débarque chez moi en plein milieu de la nuit blême tellement blême que j’ai pensé voir un fantôme.
- où sont tes toilettes.
heye me niaises-tu. après ça fait voir son dedans de ventre au bol après ça pleure en position fœtale dans mon lit. j’t’aime j’t’aime serre-moi donc. euh non tu pues.


c’est cliché mais : hostie c’est quoi mon problème. après je fais des rêves cochons avec le gars de ma job qui fait ça torride il parait. je dis ça de même mais c’est parce qu’on a eu une soirée-jeux une fois, on a joué à caractère et il l’a dit lui-même. entre tendre, torride et inventif il a choisi torride je sais pas. ça m’a alimenté l’imaginaire ça m’a réveillé le matin avec des drôles d’idées avant d’aller placer des livres de jeunes dans une librairie de mongols du temps des fêtes.
- allô p’tite fille comment ça va aujourd’hui ?
- ça va. (j’ai rêvé à toi tout nu.)

ça fait que j’emballe mes cadeaux de noël en écoutant eau salée sur repeat, je me dis que c’est ben beau pis que j’ai pas besoin de gars qui vomit dans ma salle de bain. moi depuis que je suis toute petite mon film pref de walt disney c’est la belle et la bête pis je sais pu comment m’enlever ça de l’éducation. c’est comme : je récolte toujours des hosties de bêtes, mais elles se changent même pas en prince charmant à la fin. je me dis : ah c’est beau ah c’est le fun l’histoire finit toujours bien.

non.

mercredi 23 novembre 2011

les mondes parallèles

hier je marchais sur mont-royal et je me suis arrêtée dans un petit café, ça faisait pas longtemps que j’étais levée même que j’étais encore un peu endormie, et je pense que j’ai vu les fourchettes. ça m’a fait drôle je la trouvais belle mais je lui ai pas dit, je me suis caché le nez dans mon foulard et j’ai baissé les yeux. de toute façon je vois mal de loin alors peut-être que je l’ai rêvée, peut-être que j’étais encore en train de dormir dans le fond.

samedi 19 novembre 2011

« plus la distance augmente et plus l'écran s'élargit où je te vois avant de m'endormir [...] ça n'a l'air de rien mais ça te trouve beau et ça te veut du bien »

c’est une histoire d’aimants comme on en trouve sur les frigos ou dans les films. j’ai levé les yeux vers lui et ça m’a fait comme un choc oups. j’ai pas fait exprès mais je l’ai fixé comme ça je sais plus trop combien de temps mais assez pour qu’il s’en rende compte et qu’il me fixe à son tour. je souriais je pense ou en tout cas bientôt je riais parce qu’il me faisait des grimaces de maudit tannant et moi j’aime ça les tannants. en plus il avait un déficit d’attention : trop occupé à me divertir, il réagissait plus vraiment aux salutations des gens autour de lui, même il avait un peu l’air attardé avec ses yeux dans le même trou. alors il a tendu une main vers moi et je lui ai tiré la langue. alors il s’est approché de moi et j’ai mis une main sur son ventre pour l’arrêter. alors il m’a prise par la nuque et m’a renversée pour m’embrasser.

et ça dérègle mes heures dérègle mes nuits depuis cette fois-là de sa fête. il disait c’est ma fête t’es mon cadeau je te laisse pas partir. c’est vrai je suis jamais partie même qu’il m’arrive de l’attendre durant la nuit assise devant sa porte avec un livre, même que je marche même que je cours pour arriver plus vite près de lui, même qu’il m’emmène déjeuner même qu’il m’apporte un café au lit. moi dans la vie je pellette des nuages que je lui ai dit alors il m’appelle nuage et me serre fort quand on s’endort.

mercredi 12 octobre 2011

tergiverse

j’ai rencontré un garçon au nom d’été au nom qui sonne comme une histoire à raconter alors j’écoute (500) days of summer c’est plus fort que moi. j’entends son nom des tonnes de fois ça donne envie de rire de sourire la bouche cachée les yeux gênés mais c’est assez. de trop penser je veux dire, même lui me l’a dit. toute la nuit tergiverse chantait fort dans ma tête j’aurais aimé me lever aller chercher mon ipod et l’écouter. mais j’avais peur de trop bouger, de perturber le souffle de la maison endormie.
il y a tout un cirque dans ma tête
et sous ma peau des cracheurs de feu
qui font la guerre à mon estomac

je suis partie le matin il faisait encore noir sans son numéro sans rien. je me suis rappelé la phrase vite écrite durant la nuit alors qu’il était plus loin, l’immense effet que me font les petites choses, je me suis rappelé je ne voulais pas oublier parce que ça faisait du bien. de parler avec un garçon de manger de la poutine d’en échapper partout sans me sentir ridicule. je suis partie parce que je pars toujours parce que je finis toujours par trop penser et tout gâcher. mais au moins l’espace d’un instant j’ai eu des étoiles dans les yeux, j’ai eu envie d’être amoureuse.

samedi 1 octobre 2011

la fin des haricots

hier au bar l’alcool coulait à flot entre nos lèvres de jeunes fringants libérés pour la fin de semaine. j’étais de bonne humeur et simon l’était aussi, genre on dépassait nos budgets en riant en se pokant le ventre, on buvait pour oublier qu’on était pauvre et on était pauvre parce qu’on buvait trop. on est même allé voir le dj pour lui demander de passer cinema mais il l’a jamais fait on était déçu. sinon une fois j’arrive au bar je tourne la tête et je vois l’architecte. en train de payer un verre à une fille, avec flirt et petite main au bas du dos. je comprends pas mettons. je comprends tellement pas que je me dis ben non c’est pas lui ça se peut pas. et pendant ce temps-là il s’en va l’air content sur le dancefloor récolter les fruits de son investissement. ça fait que j’espionne et je dégrise, je reconnais sa démarche son chandail sa barbe d’architecte. et je sacre, je sacre tellement que simon m’emmène un gin tonic pour me consoler. là oké c’est ben beau mais ça passe pas comment veux-tu. faudrait au moins qu’il sache que je sais. alors je descends et je le vois seul accoté sur un poteau.
- allô.
- heeey.
- qu’est-ce que tu fais ?
- ben. je sors !
- je veux dire, là tout seul.
sauf que c’est pas seul longtemps et la fille revient se faire enlacer de l’architecte qui nous fait les présentations. je ris jaune et elle sourit vrai tellement vrai qu’elle m’embrasse les deux joues avec un enthousiasme de fille qui se doute de rien.
- wow vraiment enchantée vous vous connaissez de l’école ?
et je lance un regard paniqué vers l’architecte qui dit nonchalamment :
- oh non on se connait pas ben ben en tout cas pas depuis longtemps amis communs genre...
et il ajoute en prenant la fille par la taille :
- bon ben on se recroise.
et il s’en va.


t’sais le genre de scène que tu te repasses trois millions de fois en tête en espérant avoir trouvé la réplique parfaite pour créer un malaise.
- vraiment enchantée vous vous connaissez de l’école ?
- pantoute je pensais qu’on se datait.
- vraiment enchantée vous vous connaissez… ?
- non j’attends qu’y me donne signe de vie mais j’réalise qu’y me niaise big time.
- vraiment enchantée… ?
- non on fourre crisse.


mais j’ai passé la soirée à le fuir et il a passé la soirée à se pointer à côté de moi avec sa chix sympathique pour que je le vois danser et que je finisse par sacrer mon camp.

aujourd’hui avec thunder on a pensé lui envoyer un clown chantant qui offrirait des ballons. il aurait pu chanter vive l’amour de françois pérusse ou quelque chose. on a aussi pensé lui faire livrer des fleurs avec une déclaration d’amour signée chix-sympathique… ça pourrait être drôle remarque.

jeudi 15 septembre 2011

« ses yeux verts très verts, deux fois plus verts qu'un trèfle à quatre feuilles, quatre fois plus émouvants qu'une tête de violon [...] »

oublie pas de dessiner que je pensais. je sais pas pourquoi mais j’ai eu peur que t’arrêtes. ça aurait pu venir et passer comme idée mais c’est resté, ça m’a raconté des histoires toute la journée. je pensais aussi beaucoup à nelly. hier en après-midi on a reçu une centaine de livres que je n’ai plus voulu quitter, que j’ai placés, les pupilles en cœur, sur le cube près de l’entrée. ma liberté retrouvée j’ai pédalé en vitesse vers le 2t, où j’ai pu lire, munie d’un chaï latté, ce qui à mes yeux tenait de la merveille. je pensais détenir un secret et ça papillonnait dans ma poitrine, je me sentais en tête-à-tête avec l’admiration, dans un endroit qui excluait le monde et sa rumeur incessante. puis est entré monsieur chapeau-moustache qui à son habitude m’a demandé ce que je lisais. il a fait oh il a dit oui j’ai lu l’article. je me suis dit mon dieu quel article et j’ai pris le journal que monsieur chapeau-moustache me tendait.

ben ça a pété ma bulle je dirais.

j’ai terminé le livre avec, quelque part dans ma tête, l’opinion d’au moins deux personnes médiatiques. j’avais devant moi le travail d’une écrivaine, c’est-à-dire une œuvre de création, que les médias ont ramené dans le réel pour susciter un débat de légitimité. véritable humiliation ou non, dramatisation ou pas. quelques heures après la parution du livre. déjà. j’avais le goût d’aller voir nelly dans sa tombe et de la serrer dans mes bras.

je me souviens une fois t’as dit que j’étais ta muse ça m’a fait penser à factory girl. ça m’a consolée quoi un an. je m’imaginais à new york avec les cheveux blonds ou pas. je nous imaginais dans un loft en train de faire l’amour à même le sol à même tes dessins au fusain. on aurait pu s’enduire le corps de peinture, j’aurais pu poser nue pour toi. ce qui fait pas vraiment de sens parce que tout ce que tu crées est comique. si on habitait vraiment à new york tu me dessinerais sûrement nue avec un pénis dans le front ou quelque chose comme ça, tu jouerais avec les mots pour les faire pousser en bulles au-dessus de ma tête ; tu ferais rire les gens. quand je pense à ça je me demande si tu ferais un bon andy, je me demande si en me consacrant muse tu m’as aussi réservé le sort d’edie.

jeudi 25 août 2011

maudite affaire

on peut-tu se dire que c’est pas fun des rêves comme ça comme ceux de lui assis à côté de moi qui dit allô je suis là je veux dire je suis revenu je t’aime encore allô.
- gars tu niaises.
mais y’a pas de place pour en sortir parce que l’auto roule et je suis prise au milieu. je reste en partant et je pars en restant c’est du pareil au même mais c’est jamais suffisant. je rage et je respire je cherche le vent.
- come on.
t’sais moi je pense à ta fille-de-jacques-poulin qui te soulève tellement qui te voyage dans tout le québec. je pense à vous depuis la neige sur la route des fois dans le coin, ces fois-là où je m’en vais encore après le printemps après l’été, même après j’veux qu’tu sois là qu’tu la rencontres c’est important. c’est drôle on en a jamais reparlé genre on se sourit pour être poli mais je pense que je t’hais. parce que tu dis oublie tout ça c’est fini. pis après je me réveille toute seule dans mon lit.


pis là. tu vas et tu viens dans ma vie avec ta face de gars d’ailleurs que je sais pu c’est qui que j’ai même pas le goût de voir. pis t’es tellement friendly que tout le monde t’aime. même l’architecte est sur ton cas pis moi je vous regarde devenir chummy en pensant je m’en sortirai jamais bout d’viarge.
- heye y’est tellement cool le gars le connais-tu faut trop qu’on jamme ensemble.
ah crisse. ah pas lui avec.

samedi 20 août 2011

la fois de ma première bouteille de rouge

je m’habille pas j’écoute i want you
je travaille pas je chante i want you
avec mes cheveux de vent de vélo
mes yeux de danse sur i want you
un cil même pas de vœu juste
i want you


des bis devant un feu tu disais moi devant toi derrière parce que tu tournes le dos fille t’as les cheveux en boucane la face sombre de fille en peur de fille en lumière du bas du dos. sur toi devant toi la bouteille de vin lancée dans les bois on apprend des choses toutes en couleurs pendant que les autres sont partis chercher du mcdo pendant que tes mains de gars glissent sous ma jupe de fille. tu me tiens et je te laisse me tenir me serrer en sentant i want you.

le pied en sang je pense i want you
aux urgences j’imagine les couleurs du reste des choses de celles qu’on avait commencées en airs de tannantes apprivoisées. j’ai dû sourire la face dans ma chaise en roues avec le pied de fourmis toujours en haut du cœur. et m’endormir le nez dans la boucane de mes cheveux.


mon père à côté avec ses cerises et son thermos de thé
boo resté tout seul devant le feu avec sa bouteille de jack
champagne showers au max les membres qui tremblent la gomme au melon -
en rire


« une chance tes jambes sont faites.
- me niaises-tu j’suis tellement dûe ; j'm’en vas effrayer le docteur. »

vendredi 19 août 2011

the drunken politician leaps
upon the street where mothers weep
and the saviors who are fast asleep
they wait for you
and i wait for them to interrupt
me drinking from my broken cup
and ask me to open up
the gate for you






j’ai pas le goût de dormir j’ai le goût d’écouter i want you toute la nuit en boucle à l’infini.

mardi 16 août 2011

ted mosby, architect

on dira ce qu’on voudra mais les peurs ça tanne. on parlait de ça hier sur le quai du lac. j’avais le goût de boire pour oublier une bouteille cheap de dépanneur mais il était passé onze heures maudit. n’empêche c’était cool d’entendre simon qui plaidait pour la cause des buveurs noctambules. genre heye on est-tu passé dix-huit ans mettons pis on est-tu assez grands pour savoir quand est-ce qu’on a le goût de boire comme à minuit on peut-tu un peu. on chialait comme ça et moi je trottinais sur le trottoir pour franchir la même distance que simon alors qu’il ne faisait qu’un pas.
- heye t’es bonne tu marches vite thierry lui se plaint tout le temps genre y’est en skate mais c’est lui qui essaie de me rattraper.
- t’es con.
- j’sais que j’ai raison.
alors comme ça sur le quai sans bouteille mais avec les ouaouarons pis les canards on a jasé. je fixais un point dans les feuilles pis simon me répétait rush pas là arrête de rusher vis ta vie pis reste en vie yo. t’sais j’ai la chance d’avoir un ami comme lui qui me dit des affaires de même dans ces moments-là, qui passe un bras autour de mes épaules pis qui veut écrire un livre qui va s’appeler… oké je vous le dis pas. mais ça se peut que ça parle de keira knightley.
- kara quoi ?
- keira ! K-E-I-R-A.
- oké oké scusez.
en gros donc j’avais des nœuds dans l’estomac qui m’empêchaient de respirer. ça arrive ces temps-ci depuis le bal masqué. entre autres j’ai eu le goût de partir en thaïlande d’acheter une westfalia de faire le tour des amériques d’aller me réfugier à ste-adèle dans le chalet à sarah de jamais en revenir. mais j’ai dû rester parce que bon. je dois pas avoir le courage de ma fuite on dirait – ou ben l’argent.
 

qu’on se le tienne pour dit : je suis une trouillarde. maintenant peut-être plus que jamais. faque c’est légal d’abuser du shisha, han ? je veux dire, ça relaxe. ça goûte jésus.

ça commence avec le bal masqué. la colonie était partie pour la semaine et ça nous donnait l’occasion d’organiser un gros événement, quelque chose d’assez incroyable pour qu’on s’en souvienne des années durant. ça commence avec le bal masqué mais ça commence ailleurs aussi, toujours – avec l’appel de sarah, un bol de spaghetti ou un poisson rouge qui flotte dans un aquarium (poisson de satan).

ça commence ça commence c’est ben beau. mais se réveiller aux côtés d’un architecte – je dis ça comme je le pense – ça te déstabilise une coupe de bases mettons. genre mes bases de petite fille qui trippe en silence et qui comprend pas grand-chose en général.  après ça je regarde des épisodes de how i met your mother avec sarah et on tombe sur celui qu’on pouvait pas mieux tomber dessus. t’sais l’épisode où barney se fait passer pour ted toute une nuit durant ("ted mosby, architect.") pour prouver que "oh my god, architects are hoooot !" bon. faque c’est ça. sarah se marre pendant que je me tape la tête contre le divan.

samedi 23 juillet 2011

rehab ?

en bobettes j’écoute amy winehouse la morte c’est so jazzy mais triste pareil je l’aimais moé. j’ai pris le cd à la bib vu que je suis vip maintenant dans ma ville. je vends des livres depuis longtemps mais c’est nouveau que j’en prête. le monde comprend rien. des fois il plisse les yeux il serre les lèvres il a un sentiment d’inquiétante étrangeté le monde. il me voit partout où y’a de la lecture je me demande si je me cache aussi dans le tiroir de sa table de chevet. ou entre les pages de son best-seller à location. ou dans le sac jaune de sa librairie à turbo-superficie.

aujourd’hui y’a un garçon beau comme un garçon beau qui est venu porter des livres dans une boîte de carton. il emmenait plein de trésors comme la vie devant soi que je comprenais pas pourquoi il s’en débarrassait. et il est parti comme ça avec sa boîte vide l’air d’un gars que je reverrai plus jamais de ma vie parce qu’il s’en va sûrement déménager quelque part de plus cool qu’ici genre dans un appart à montréal. pis là il rencontrerait une fille vraiment hot dans un bar pas loin de chez eux qui aurait autre chose à faire que de triper sur des livres. elle serait super bonne en maths genre pis elle serait assez forte pour pas avoir le goût de s’acheter un chat.

bon faque j’ai regardé les livres un à un et j’ai feuilleté ceux qui m’intéressaient. j’ai même trouvé à l’intérieur de l’un d’entre eux un nom écrit avec une écriture de garçon beau qui pourtant se débarrasse d’un livre cool comme celui de momo. pis oui maudit. j’ai retenu le nom pis je l’ai cherché sur facebook.

jeudi 21 juillet 2011

haaaaaave you met... personne voyons c'est plate

fait chaud ça fait que je m’écrase je me retape toutes les saisons de how i met your mother au lieu d’aller courir les rues pour trouver l’homme de ma vie. j’ai pas des amis-sexuels-tannants j’ai des amis-fourre pis ça me tanne. ou ben des amis in love au boutte. même lui est amoureux fou pis il l’appelle sa princesse devant moi ça me donne envie de pitcher ma vie en bas des marches. je suis rendue plate quelque chose de terrible l’autre fois je suis allée me gaspiller avec deux français inconnus pour donner du pep à ma vie. ça été drôle quoi vingt-quatre heures pis après c’était bof je les avais déjà oubliés. je suis tellement rendue plate que j’ai hâte que l’école recommence j’ai le goût de tomber en amour avec un gars d’un de mes cours pis de jamais lui parler de ma vie. j’pas ben bonne pour les histoires qui marchent c’est ça qui arrive. c’est comme hier au bar y’avait plein de beaux garçons avec la peau en été mais j’étais pas game de les regarder dans les yeux. je me sentais le charme un peu éteint le cœur en hiver.

vendredi 15 avril 2011

c'est bien vrai qu'elle est étrange mademoiselle belle

nos NOS c'est l'os que le chien protège. quand quelqu'un s'approche de notre bouteille on grogne et montre nos crocs-jujubes. une fois simon fait la moue avec une bouche aux fraises, sortie tout droit d'un party-mix à cher et cinquante. il me donne un bi sur la main, comme font les princes des contes de fées. je dis lutin je dis nain je dis nain nain nain. les autres me pensent folle. je m’imagine à la cour de versailles dans les salons mondains. je m’imagine être une précieuse et avoir peur de l’ennui et inventer des histoires colorées et belles. « autrefois, j’avais des ennuis et je ne m’ennuyais pas ; les ennuis, c’est une grande distraction. » il était une fois des choses merveilleuses comme mon ex-prof de philo à la bibliothèque. celui qui était l’homme de ma vie quand ma vie était cégépienne. qui habite ma ville comme un gardien des songes. « allez, païen, répondez ! » moi je levais ma main moi qui jamais ne lève ma main. c’était un grand monarque qui savait mon nom il disait mademoiselle juste avant. c’était bien mignon tout ça. sinon je crois que je tremble. et puis les garçons m’ont laissée toute seule à la bibliothèque. avec une coupe vide de sucreries, des pointes de cheveux cassées et des post-it roses collés sur mon écran - qui m’insultent parce que je suis pas bonne à supermario. la table est une tempête de livres à l’envers à l’endroit et de feuilles volantes. et moi ce soir je suis une sorcière : j’élucide le mystère du cabinet des fées et de la bibliothèque bleue. et j’ai hâte que la session soit terminée.

mardi 12 avril 2011

pyromane

ma feue flamme fusée fêlée
couchée relue sur du papier -
j’aurais appelé l’air d’un trou noir
dit allô
allô allô allô

prends-le pas
prends-le pas mal
je suis creux
dans la spirale

tout aspiré moi
rien compris

écoute
cet air-là sur notre peau
les étoiles dans ta tête
écoute tes dents qui craquent
ma bouche sur ton ventre
nos corps étreints en vent
et ton silence
des jours durant
(souviens-toi)
je suis tombée dedans
sans temps sans tant savoir
- on oublie tu sais -
un éclair un orage une pluie
une fin du monde (un délire)
un retour
des mois durant
rien compris je te dis

j’ai peur à l’été parce que tes lèvres
le goût de la bière dessus
le goût de moi dessus
après le vertige les larmes
la peur de ne plus savoir comment
te perdre -
l’exil
parce que
ton linge coloré
tes souliers délassés
ta main sous ma robe
tes crises d’identité
j’ai peur à l’été comme
d’un regain d’insouciance
j’aurais appelé l’air d’un passé
à spéculations :
reviens pas mais
peut-être je sais pas
tu prieras pour que toutes mes veines
se rallument encore
tu pourras dire que je t’aime
que je t’aime à mort

vendredi 8 avril 2011

un jour ben le fun

ça a l’air de rien comme ça mais ça prend du courage. se faire dire par un inconnu de l’âge de son père : « enlève ton pantalon ta culotte pis toute »,  ça a quelque chose d’assez déstabilisant. bon j’ai voulu être polie mais en vrai ça te scrape une forme olympique en esti. sauf que t’endures et tu grimpes, t’atteins le trône de papier fripé frette qui arrête pu de faire des bruits de chiffonnage, et y colle tes founes gênées, et t’ouvres à la science comme une bonne fille avec un esprit des grandeurs, une bibliothèque pleine à craquer et des tonnes de cahiers écrits à la main avec des couleurs différentes (selon l’inspiration du moment).
J. (pas lui, mais une autre) et moi on était dans la salle d’attente, à côté de la salle de bain défectueuse et des gens qui y allaient pareil. c’était long. on dessinait des lunettes aux portraits du 24h ou du métro, leur ajoutait des piercings ou des poils superflus. des fois même on les faisait parler. genre on riait alors que tout le monde avait envie de pleurer. un moment donné, la secrétaire a appelé les prochains à passer. elle a dit : « chin wong wong » et a comme qui dirait levé la tête vers J., avec un regard insistant et tout. bon, si vous voulez le savoir, J. elle vient pas d’ici, elle a pour ainsi dire les yeux bridés ; elle a adopté ses parents comme. mais c’est quand même pas une raison pour assumer qu’elle s’appelle chin wong wong. aussi elle a senti une légère détresse et a marmonné quelque chose comme : « mais… mais pourquoi elle me regarde comme ça, c’est pas moi ! » faque on a ri toute la vie.
ou en tout cas, jusqu’à l’heure de vérité.

lundi 4 avril 2011

5 * 6 * 7 * 8


photo : Naomie K. Gauthier

on était à québec pour la fin de semaine parce que samedi soir c’était le temps de kicker des culs. on s’est pointé devant les juges avec nos converses pis nos lèvres rouges pis tout le monde criait. dans ce temps-là attendre que la musique parte c’est long longtemps : on meurt environ trente-deux fois. sauf qu’y faut pas que ça paraisse. on regarde les juges dans les yeux pis faut avoir l’air aussi méchant qu’eux. faut qu’on ait l’air de s’en foutre comme des adolescents qui s’en foutent. après on oublie de respirer jusqu’à la fin de la chorée on faiblit mais faut pas que ça paraisse. faut jamais que ça paraisse. quand tu fais une semi-split que tu tombes en pleine face que ton bâton sort de ta poche que tu fais le bout du bâton sans bâton ; les juges doivent n’y voir que du feu. même chose quand la fille manque son front flip final. parce qu’être din airs tout écartillé c’est vraiment subtil t’sais, surtout quand toute l’attention est concentrée sur toi. reste quand même qu’on a eu la deuxième place pis qu’après on a pu boire dans l’hotel pis danser sur michael jackson avec les daddy cool.

l’autre fois les parents sont rentrés d’un souper après moi qui revenais d’un party. ils étaient saouls pis pas moi. mon père renversait de l’eau minérale sur mon plancher de chambre sans s’en rendre compte pis ma belle-mère criait : « voyooooons, P ! tu pisses partout sur le plancher ! » pis ils me racontaient leur soirée dans un spa pis comment N. était tombée en pleine face « parce que c’était glissant. »

samedi soir les daddy cool prenaient des shooters de jack daniel’s pis faisaient des jokes de cul. nous les jeunes on était sorti au dagobert mais c’était tellement de la marde qu’on était revenu au concorde après même pas une heure. au sous-sol les adultes étaient saouls pis pas nous. faque on s’est joint à eux on a dansé sur girls just wanna have fun en même temps que les papas se promenaient avec des boas roses dans le cou. V. pis moi on se trouvait ben drôle on se disait heye y’est trois heures du matin on pourrait cleaner oubliez pas les filles le bras y va là quand on fait la slide pis attention aux niveaux. après ça on a fait des danses en ligne pis C. arrêtait pas de dire que j’étais matante parce que je voulais jamais arrêter.
- heye écoute j’aime ça moi les danses en ligne c’est le fun pis j’aime ça danser sur des tounes quétaines écoute c’est donc beau la vie !
faque on a fait du freestyle de matante en répétant que c’était donc beau la vie pis la musique pis la jeunesse.


j’ai oublié de dire que ça nous a pris un temps rare avant de trouver le party du sous-sol de l’hotel. quelqu’un avait entendu que ça se passait au 1118 faque on a pris l’ascenseur jusqu’au onzième mais rendu là y’avait aucun bruit. on a écouté à toutes les portes pis finalement on a cogné à celle où on entendait des gens parler. y’a une fille qui a ouvert mais t’sais le genre de fille que tu connais pas pantoute là ? c’est ça. après avoir fait tous les étages - c’est-à-dire vingt-cinq - parce que le chum à V. a eu le bonne idée de peser sur tous les pitons de l’ascenseur pour crier à chaque étage : « HEEEEYYYEEEE VOUS ÊTES OÙ !?! », on est finalement arrivé au sous-sol pis c’est ça.

vendredi 1 avril 2011

sweet charlemagne et l'océantume

1. je grossis.
2. je ne maigris pas.
3. je ne réfléchis pas à ce que je fais.
4. je ne finis pas ce que je commence.
5. je perds mon temps à l’université.
« pourquoi allons-nous à l’école ? pour nous faire écœurer. nous voulons nous en aller : les malles sont pleines, fermées, ficelées, attendent. qu’attendons-nous ? rien. pourquoi ne partons-nous pas tout de suite ? pour rien. qu’est-ce qui nous attache ici ? rien. qu’ils s’en aillent, ceux qui ne sont pas contents ! »
t'sais c'est le fun quand misteur valaire et réjean ducharme communiquent de même dans la même journée. c'est motivant.

jeudi 31 mars 2011

l'été, j'ai dix-sept ans ; l'hiver, quarante-six millions d'années

à trois je vais m’enfuir et mettre ça sur ton dos
mais la vérité c’est que j’ai froid jusqu’aux os
j’voudrais moins m’enfuir si tu voulais pas de moi
mais j’voudrais bien prévenir les dégâts
j’ai rien à offrir à part trouver des excuses
où tu me fais bien rire à m’exposer tes défauts
j’voudrais bien en rire mais j’ai pas ce qu’il faut
mais j’aimerais ça pleurer sur ton bras
*
les cheveux à yoko c’est oké mais juste sur elle. on se disait ça S. et moi l’autre fois quand on a décidé d’aller shishater au lieu d’assister au cours de fées : « aux grands maux les grands remèdes nous ferons l’école buissonnière ! » hé qu’on était tannantes ce jour-là. oké comme d’habitude mais un peu plus parce que pendant un instant on a cru qu’on avait manqué l’examen. S. adoptait un air terrorisé avec des nœuds dans l’estomac, tandis que moi je m’empiffrais de pupusas en me bidonnant :
- pourquoi tu ris ? c’est PAS drôle !
- écoute, c’est la chose la plus drôle au monde.
- comment tu peux être aussi calme ?
c’est à prendre ou à laisser, comme on dit. moi je laisse, je laisse tellement, je fais ma petite comique, ma maudite feluette. ça fait qu’on m’analyse, on joue au psy à deux sous. peut-être que t’es pas remise de l’autre, peut-être que t’as peur de te laisser apprivoiser, peut-être que t’es juste conne dans le fond. foutu chat sauvage, cré affaire indépendante qui se tanne après deux flattouilles. t’es pas tannée ?
les jeux sont faits. je suis déjà en amour pour la vie avec des gars déjà partis. y’a pu de place dans mon cœur pour qu’il se brise, cherchez pas. pis si ça fait pas mal je colle pas. heye, traite-moi donc comme d’la marde : j’va t’aimer ! awaille, qu’est-ce que t’attends pour pas m’appeler ? pour pas m’écrire ?
- tu fais ta kiki, c’est beau rare !
hé ! ça fait dur. qu’est-ce que j’attends pour vieillir ? qu’est-ce que j’attends pour pas prendre mes jambes à mon cou quand j’ai la chance d’être une princesse ? à part ça, j’ai encore rêvé à la pas contente, à la folle intermittente. c’est fatigant ! si elle pouvait cesser de perdre la face, je serais peut-être moins traumatisée.
- est-tu avec une brune ?
c’est brun longtemps ! sauf que c’est pas la couleur de l’amour. je suis encore là, fille. y’est plus que temps que t’en reviennes. sinon, beigbeder écrit que l’amour dure trois ans. c’tu vrai ça ? tu vas bientôt le savoir, fille. pis après ça, t’auras pu de raison d’avoir peur.

vendredi 25 mars 2011

bibliotheca regia monacensis

c’est un peu pris un peu compliqué. j’ai confié : simon je suis pas capable d’écrire. réponse : parle de choses sick genre à quel point je suis sick. comme si tout le monde le savait pas déjà. ça frenche friendly pis ça a encore besoin de se faire remonter. ça se coupe les cheveux ça fait son frais pis ça me bouscule tout l’après-midi à la bibliothèque.
on arrête pas de soupirer on est un peu tanné. J. boit du n0s pis simon gobe des halls. de temps en temps on se montre des photos drôles et là on rit trop fort : le monsieur d'à côté nous dévisage. à quel âge on arrête d’être des p’tits criss ? parce que sinon je télécharge une dissertation sur les vampires (google livre ftw), et simon à chaque trois secondes se penche vers moi et lit par-dessus mon épaule. ça fait que je me mets à réciter pour nous deux, en prononçant minutieusement tous les mots, caractères loufoques inclus :
heye. c’est tellement drôle des s en f. furtout quand on eft paf cenfé rire pif que le monfieur d’à côté commence à pouffer def petitf bruitf paf contentf.

jeudi 17 mars 2011

il ferait chaud

on se demande un peu. le printemps c’est la tentation. je porte des robes de plus en plus colorées, ça s’approche dangereusement de la robe mauve. c’est excitant. tellement que j’envoie des pensées comme ça, soudainement, à l’improviste. petit partage printanier.
on rit mais on sait déjà. c’est l’ennui, le manque ; et on accepte le prétexte, momentanément comblé. bien entendu c’est une illusion. ça fait partie du jeu. on dirait qu’on serait
jeune                ridicule
naïf                  fatigant
détaché            insistant
nono                tannant
fringant             impatient
innocent           bouleversé
c’est pas nous on le jure ! c’est le printemps !
il me rappelle le texte envoyé aimé commenté. quand je parle de gatsby par exemple il se tait. je le soupçonne de l’avoir brûlé. ça se peut t’sais. sinon sa chatte l’aurait trouvé, aurait encore griffé. avec mon nom dedans ça aurait pas fait long feu.
j’écoute feist. ça fite avec mes talons mes ongles rouges. ça fait fille ben passionnée. quand je me penche mon décolleté s’ouvre et on voit plus de peau encore. des fois je me dis que ça serait cool que je sois assez game pour pas porter de brassière. je fumerais des cigarettes longues et minces je serais tellement libre. pis il ferait chaud.

mercredi 16 mars 2011

« une grande gueule ça se répare-tu ? »

il y a des livres qu’on lit par hasard, par simple bouquinerie. certains ne nous quittent plus. ils laissent une fine trace dans la mémoire, si bien qu’on n’y pense plus. puis un jour on observe sa bibliothèque et on retrouve un de ces livres. on se souvient ; on sourit. c’est la preuve qu’ils n’étaient pas bien loin, qu’ils n’étaient jamais vraiment partis.
la semaine dernière, j’ai réalisé (déjà) que l’auteure d’un livre lu il y a quelques printemps - mon corps étendu dans l’herbe nouvelle - est maintenant ma professeure à l’université.
on dit qu’il ne faut pas confondre les auteurs avec ce qu’ils écrivent. pour moi, la tentation est grande. michèle péloquin n’est peut-être pas ce qu’elle écrit, mais son écriture lui ressemble : douce, fragile.
*
à la brûlerie st-denis dance dance dance joue alors je la choisis aussi sur mon ipod et je l’écoute en double en décalé. je suis folle de même quand j’attends le charme, quand mon cœur menace de lâcher à chaque fois que quelqu’un s’approche de ma table. hey, qui c'est qui a dit que les rendez-vous gallants c’est plaisant ? je vais mourir sti ! les spice girls non merci. dance dance dance encore comme une aliénée dont les pieds arrêtent pas de gigoter les mains de trembler je me demande si ça parait que j’attends quelqu’un. c’est connu les filles tremblent en attendant j’ai l’air d’une feuille d’automne mais c’est le printemps j’ai le cœur qui fleurit ah j’vais mourir j’vous l'dis. à part ça j’ai froid mais pas un froid de froid plutôt un froid de nerfs c’est ben beau. quand le charme va arriver je vais probablement me mettre à pleurer tellement je suis tendue tellement je vais être soulagée. je me demande quelle couleur va être son chandail s’il va regretter de m’avoir invitée s’il va me trouver belle. en tout cas. à 5h30 du matin pu capable de dormir j’ai mis the life aquatic (c’est lui qui me l’a prêté). je l’avais regardé la veille mais pas grave les bonnets rouges me rendent de bonne humeur. (c’est ben long prendre le métro c’est ben loin son université de ligne bleue. – sleeping sickness ça va, je sais pas s’il connait ça.) mais ouais steve zissou ben mignon avec son speedo. would you like to join my crew ? i want you on team zissou ! bon je retourne à bowie c’est de circonstance t’sais. mais je suis pas plus capable de vivre voyons c’est quoi mon problème ? that’s what casual people do !


les bons débarras



« j'pas un perroquet.
- qu'est-cé que t'es ?
- une p'tite bâtard de viarge, tu me l'as dit l'autre fois.
- c'est des mots d'amour, ça. on répète pas ça.
- tu m'aimes quelque chose de rare.
- j’t’aime à mort. »

mercredi 9 mars 2011

petites crêpes

quand je décide de manger des crêpes, je provoque un chaos infernal dans la cuisine. je sors tout je mets de la farine partout. j’abuse du beurre je fais des tourbillons dans la casserole. le poêle lui-même s’occupe de faire cuire des versions miniatures de crêpes. ça fait un beau ciel étoilé ben plate à nettoyer.
chaque fois ça me prend environ cent ans. je m’installe à la table avec une assiette pleine de crêpes chaudes. j’emmène le sirop d’érable, le nutella, la confiture, le beurre de peanut, la compote de pommes, la cassonade. je regarde d’un air satisfait la table remplie et c’est là que je choisis. mais t’sais, tout ça pour ça. je mange quoi une crêpe au complet ? en tout cas.
j’avais invité simon le saumon mais il était déjà de l’autre côté du fleuve. ça l’a déconcentré. alors je lui ai demandé de m’aider à choisir à quoi manger ma crêpe : sirop d’érable (normal), nutella (correct), ou beurre de pin + cassonade (intense). là il s’est fâché contre moi.
je me demande s’il est encore mon ami.

mardi 8 mars 2011

petits bleus

je sais pas si c’est le décor excessivement blanc, ou l’éclairage pur, accentué par le ciel bleu et le tapis de neige… mais quoi qu’il en soit, je m’ennuie de mon chat. avant, quand la maison était déserte, je m’installais sur la table de la salle à dîner pour rédiger et boire d’innombrables tasses de café et de thé. mon roux de chat venait se coucher sur le divan à côté du foyer. alors je faisais un feu et on se blottissait ensemble, il posait une petite patte sur ma joue en ronronnant. j’attendais l’inspiration comme ça pendant quelques minutes, et après je pouvais attaquer mes travaux.

c’est con les chats qui meurent. qui se noient dans une piscine au mois de novembre. c’est morbide aussi, et laid (et un peu drôle aussi car c’est saugrenu). mais ce qui arrive c’est qu’on se rend pas compte à quel point ils importent. ils sont mous, les chats, se déplacent à pas feutrés pour mieux s’écraser ailleurs. le mien me saluait le matin, ou lorsque je rentrais le soir. s’il n’était pas profondément endormi, il me suivait dans la maison, à l’affût de ma routine. l’été, dehors, il chassait les papillons, entrait en conversation avec la chatte d’un voisin… bref, il était si présent et ça devenait tellement habituel que j’en venais presque à trouver ça banal.


et pourtant.

les roulés suisses

karkwa ces temps-ci m’inonde les oreilles. je l’avais écrit mais mon sang dilué provoquait des envolées un peu trop intenses ; j’ai eu peur de l’effrayer. je disais plein de choses pas possibles, posais trop de questions vagues sans reprendre mon souffle (celui de mes doigts genre). j’ai eu peur qu’il ait les yeux fatigués les réponses épuisées.

les chansons en boucle ça nous connait. je le sais parce qu’il a renchéri avec des mots fous lui aussi. parce qu’on s’est retrouvé côte-à-côte à dessiner des animaux étranges, formés de brocolis.
« mais perséides tu connais ça m’avait obsédé comme.
- ben non, dis-moi pas ça ! t’es pas en train de me dire ça ! »

(j’ai écrasé mes roulés suisses en voulant écrire en marchant dans le métro.
en passant ça ça se mange par étapes :
le chocolat autour
le chocolat des deux extrémités
le chocolat qui scelle le rouleau
après ça on déroule et
on attaque la crème et le gâteau.)

alors on a réalisé qu’on était allé à la même école primaire. lui il est un peu plus vieux alors on n’avait jamais été dans la même classe. mais on était passé par les mêmes professeurs. on avait vu les mêmes petits œufs tenus au chaud sous les lampes, éclos en d’adorables poussins qui puent. vécu les mêmes bouchées-collations à vingt-cinq sous, les mêmes conseils de coopération je félicite marie je critique samuel. ça faisait drôle.

samedi 5 mars 2011

la sweet factory

à la sweet factory je me gâte les bonbons en attendant les autres. en engloutir autant avant une soirée aux côtés du charme risque d’être dangereux. le sucre ça fait dire n’importe quoi n’importe comment et à voix haute. ça met l’âge à la bonne place, à l’enfance, mais ça rend hyperactif et des fois ça en irrite quelques un. c’est pas sérieux.
à partir de maintenant, ma vie consiste à réussir à faire headspin. j’ai tellement de sucre dans le corps que je pourrais me retrouver la tête renversée sans crier gare, comme la section des sciences tiens. je voulais te montrer regarde le meuble finit là mais la section continue là-bas ça fait aucun sens mais au moins maintenant tu le sais regarde.
moi pis les choses qui font aucun sens.
continue voir de me montrer la section qui s’étale n’importe comment que je me tienne près de toi en disant oui oui tu parles d’une histoire. après ça on s’imaginait perdu les yeux bandés à la recherche de la section des sciences. on avait envie de jouer à tu brûles tu brûles non tu refroidis là t’es au pôle nord pis oh là tu te rapproches des tropiques.
pis là on dirait que les tropiques seraient moi ha ha (sauf que ça c’est un secret t’sais.)
headspin ouais. il me semble que si je pouvais tourner sur la tête ma vie serait plus réussie. si je pouvais faire du break comme je respire. à l’envers. même si mes heures de pratique laissent des bleus sur mes genoux mes coudes.

jeudi 3 mars 2011

la mort en papier

ma mère ne voulait pas me dire ça au téléphone, sauf que ça commençait à urger : il fallait qu’elle me parle de son testament. ça m’excitait pas tellement mais elle m’a annoncé une belle nouvelle, elle m’a dit que tous ses bijoux seraient à moi.
ma mère adore les bijoux, elle porte de jolies bagues qui vont bien à ses doigts. elle attache sous ses cheveux des colliers d’ambre qui font briller ses joues. parce qu’elle a de belles tâches de rousseur, ma mère, et ça lui donne un air taquin de petite fille. elle, elle aime pas ça mais je suis certaine que tous les hommes qui l’ont aimée se souviennent de ses joues, je suis certaine qu’ils s’en mordent les doigts.
elle m’a dit qu’elle avait eu une idée un peu étrange : elle pensait offrir son corps à la science. elle m’en parlait parce qu’elle voulait savoir mon avis. moi, j’étais une fois de plus interloquée par la synchronisation de la vie. je venais de terminer les enfants moroses, dont l’une des dernières nouvelles se déroule à l’exposition bodies :

« dans la dernière salle, elle s’est arrêtée devant une petite affiche. on y invitait les personnes intéressées à inscrire leurs coordonnées sur un coupon pour obtenir des documents d’information sur le don de corps et d’organes à la science. quand je l’ai vue chercher un crayon dans son sac, j’ai paniqué.
- non.
elle a levé les yeux vers moi.
- c’est seulement par curiosité.
- non.
je ne tolérais pas l’idée qu’un jour, elle rejoindrait les corps de l’exposition. pour toujours figée dans une pose, une expression qui ne seraient pas elle.
- ces corps sont anonymes, on ne sait pas à qui ils appartenaient. personne ne peut les reconnaître. ils n’ont plus aucune famille.
j’avais les larmes aux yeux, soudainement.
sarah ne m’a pas regardée, mais elle a cessé d’écrire.
- je ne veux pas être ici, je ne veux pas que mon corps soit ici un jour. et tu n’aimes aucun sport.
elle a froissé le papier et l’a glissé dans l’une de ses poches avant de poser sa main sur mon bras.
- d’accord, n’y pensons plus. »
lorsque ma mère lui en a parlé, mon petit frère a eu sensiblement la même réaction.
« pense à nous », il a dit, « t’es ma maman, je veux pas que ma maman soit taillée en morceaux. » mon grand frère a répondu comme un sage : que ta volonté soit faite.
moi je savais pas parce que de toute façon ma maman mourra jamais.

mardi 1 mars 2011

ça me tire les cheveux

ma bouche est remplie de dents contre toi

prends-moi, prends-moi pour quelqu’un d’autre
et ne le dis jamais
tes goûts pris pour acquis me dégueulent. tu parles et ça met des bâtons dans mes roues. ça me fait tomber de ma chaise.

ça me tire les cheveux.

j’ai des nœuds dans les idées quand
tu dis je suis sage j’aime la poudre regardez comme je suis beau la fille est donc ben grosse j’ai changé faire semblant c'est cool je suis tellement gentil.

t’envoyer à la guillotine
pour savoir vraiment ce que tu dis quand
tu souffres

pour vrai.

je suis dupe de ton spectacle comme tous ceux pour lesquels tu ne baisses pas le masque. pour lesquels tu brasses les cartes, condescendant. tu me donnes envie de pleurer de rage. mais ça te ferait trop plaisir.

les enfants moroses

- fannie loiselle.

« j’ai glissé la bague de plastique à ton annulaire. une sucette en forme de diamant y trônait. tu as tendu ton bras pour admirer l’effet. le bonbon était rouge, à saveur de cerise.
nos visages étaient plongés dans la pénombre.
- tu crois que je pourrais emporter des bonbons dans l’au-delà ?
- sûrement. mais avant d’y accéder, tu devras subir la pesée du cœur.
- ah.
- ton cœur sera déposé sur un plateau. sur l’autre plateau il y aura une plume. si ton cœur et la plume s’équilibrent, tu auras accès à la vie éternelle.
- et s’il est trop lourd ?
- il sera dévoré par un monstre affreux.
- tu crois que ton cœur est aussi léger qu’une plume ?
- sûrement pas. »

vendredi 18 février 2011

chocolat

mes grands-parents, c’est simple, je les croquerais. ça fait que j’appelle ma mamie pour avoir sa recette de tarte au chocolat tellement bonne que c’est celle que je demande à chacune de mes fêtes sans jamais me tanner. jésus en culotte de velours qu'on dit.
l’histoire avec les oreilles de ma mamie, c’est qu’elles entendent pas très bien, ou en tout cas, moins bien qu’avant. c’est pour ça que, quand on appelle chez mes grands-parents, ma mamie répond toujours sur le haut-parleur. même des fois malgré ça, on se comprend pas tout à fait. je dis que j’aimerais avoir sa recette de tarte au chocolat parce que je vais souper chez une amie demain soir - je veux emmener un dessert c’est pour ça. elle me répond que demain soir elle s’en va à l’opéra. mignonne comme ça.
finalement on se comprend elle dit oh oui cette tarte-là, elle est si bonne cette tarte-là. et elle dit qu’elle s’en va chercher la recette. j’entends ses pas s’éloigner dans le combiné, puis d’autres pas s’approcher. c’est mon papi. il dit T. c’est toi ? écoute, mamie est partie chercher la recette au sous-sol, mais tu sais ça pourrait être long, on va te rappeler oké ? je dis oké et on raccroche.
j’aime penser à mes grands-parents qui prennent soin l’un de l’autre ; à mon papi qui ouvre encore les portes à ma mamie ; à ma mamie qui magasine au simons et achète de belles chemises à mon papi, ou de beaux bijoux pour se rendre coquette. j’aime les imaginer à l’opéra ou au théâtre ensemble, bien vêtus et légèrement parfumés, bras dessus bras dessous.

samedi 12 février 2011

à la st-valentin les gens achètent de drôles de livres

je vais dire quelque chose de coquin. quand les gens se présentent à moi et me tendent leur exemplaire de 25 façons de faire jouir un homme, de 365 positions abracadabrantes, de 1000 choses à savoir sur le sexe, je sais pas si j’ai envie de rire ou de me cacher. prenez cet homme en cravate avec sa golden visa. c’est son tour il avance la tête basse ou ailleurs, je dis bonjour monsieur en fixant ses yeux qui me fuient. je souris mais il n’en sait rien, il ne peut pas savoir parce qu’il s’adresse à un comptoir lorsqu’il répond. je demande voulez-vous un sac oh oui il dit oh oui oh oui. là c’est trop je suis un peu gênée. je le vois en train de s’efforcer d’appliquer les conseils qu’il a lus. je peux pas faire autrement que de l’imaginer nu.
des fois c’est des couples tannants plutôt jeunes mais d’autres fois c’est autre chose et ça me donne moins envie de sourire en complice, ça me donne moins envie de me joindre à eux. des fois c’est une fille seule qui me chatouille pas tellement les yeux. des fois c’est un beau garçon et ça me fait rougir, c’est moi qui baisse les yeux.
photo : Marie-Eve Ostiguy

vendredi 11 février 2011

les gars et les chansons

les gars se rassemblaient pour jouer au poker. je dis les gars je fais pas exprès c’est parce que j’ai juste ça, des amis gars. on est bien deux ou trois filles de temps en temps mais c’est rien comparé à la quantité de testostérone qui grouille autour de moi. c’est dangereux. des fois je me dis qu’ils déteignent trop sur moi, je me mets à penser à parler à agir en garçon. je cache mes débordements et je bois comme un trou, je raconte rien sur moi et je fais comme si tout allait toujours toujours bien. c’est dangereux oui.

des fois je suis vulgaire comme eux et je m’en fous, je dis ouais ben le poker ça me fait pas mouiller ma culotte. dans ce temps-là c’est eux qui jouent les saintes-nitouche qui répondent tu fais des activités qui te font mouiller ta culotte oké oké rappelle-nous de nous tenir à trois milles de toi. dans ce temps-là ils font les gênés les scandalisés, ils font comme si j’étais leur petite sœur asexuée. je dis vous le sauriez jamais de toute façon t’sais, c’pas comme si j’avais la culotte à aire ouverte. on rit mais c'est vrai mais c'est faux, entre nous dans le fond parler de sexe c’est comme : boire une bière pour eux, siroter un alcool sucré pour moi. après on divague on est ben bon pour ça.
« ça me fait penser à un mélange de classe à aire ouverte et de dedans de culotte c’est pas saint.
- une gigantesque culotte dans laquelle on s’assoit pour suivre des cours de pastorale. »

ça fait que je leur dis pas que j’écoute des chansons tristes à répétition. je leur dis pas avez-vous vu jimmy hunt avez-vous entendu ses chansons pourquoi vous écrivez pas des chansons vous autres pourquoi vous chantez pas pour des filles.

mercredi 9 février 2011

l'odeur des garçons

marc-olivier avait l’impression que je suis une fille qui aime pas les garçons à barbe. il pouvait pas réellement l’expliquer ni rien, il disait juste ça comme ça. sarah disait que les barbes c’est fait pour cacher les garçons laids. elle disait qu’une fois qu’ils se rasent, on voit bien pourquoi ils évitent le plus souvent de le faire. je sais pas s’ils disaient ça parce qu’ils me voyaient danser avec un garçon barbu, et que marc-olivier se sentait diminué avec ses joues de bébé, ou que sarah ne trouvait pas le garçon de son goût, mais en tout cas la tequilla est rentrée au poste.
l’important au fond, c’est que c’étaient les années folles dans mes pieds et dans mes cheveux. et comme on me faisait tournoyer et sauter, ça sentait bon l’odeur des garçons. danser, on devrait faire ça sans cesse, toute la vie. c'est vrai.

mardi 8 février 2011

la chanson parfaite

des fois, c’est comme ça. on tombe sur la chanson parfaite, à l’instant parfait. alors on l’écoute en boucle, et on voudrait que ça ne cesse jamais. on dirait que la vie fait plus de sens que d’habitude, dans ce temps-là. on dirait qu’on est moins seul que d’habitude, dans ce temps-là. et on retrouve nos manies d’heureuse insomnie.
je me dis que j’ai pas du cœur pour m’en priver. je me dis que jouer de l’esprit, ça fait pas rire personne. même, c’est pire quand on est moi. c’est un joker noir à l’envers à l’endroit, qui frime sans jamais se sentir à sa place. c’est pas comme à la dame de pique, c’est pas comme faire le plus de trios pour finir le premier et gagner. moi, je commence tout, je finis rien. comme un as de cœur en probation.
j’aime jouer dans la neige c’est vrai. à la fête du lac, avec la colonie de vacances (sans son milieu), on a mangé de la barbe à papa. on a joué à la tag. on a construit un labyrinthe de tempête sous les feux d’artifice. je me souvenais plus que c’était aussi amusant. et quand j’oublie que j’aime, on dirait que je suis un peu moins moi.



« elle m’a dit : tu repars sans que je t’arrête
sans lever les bras sans baisser les yeux
arrive en retard trouve une défaite
dis-toi que j’y crois fais ce que tu peux
comme nos vies vacillent entre les tempêtes
pense pas aux attentes pas plus qu’aux malheurs
fais sourire les filles fais tourner les têtes
tout ce qui te tente mais oublie pas mon cœur
oublie pas mon cœur
avant qu’on s’écoeure
oublie pas mon cœur
crois pas que je bloque à tous tes départs
j’ai l’air un peu sage mais moi j’vis aussi
dans les jours de rock dans l’épais brouillard
j’allume ton visage un phare dans la nuit
cale les délires fume les mirages
étire l’étau fais-toi fêter fort
avant que le pire déchire la page
fais-moi un cadeau oublie pas mon corps
oublie pas mon corps
qu’on y croit encore
oublie pas mon corps »

mercredi 2 février 2011

"to think about her now with someone else, it felt like all the oxygen had been sucked from the room."


(cashback)

le plus dur c’est la nuit. à l’heure des amants encoquinés, tannants et essoufflés, fatigués mais toujours énergisés exprès pour ça. je le dis parce que je le sais, parce qu’on était pareil, surtout parce que maintenant tu fais ça avec une autre. quand j’y pense, je serre les yeux fort pour chasser les images, pour cesser d’avoir la gorge nouée. c’est enfantin je sais. je vois bien que ça reste.
je dis beaucoup de choses, certainement moins que j’en pense, parce que sinon je parlerais trop (de toi). je dis des choses comme : crache pas là-dessus va, t’en fais pas pour moi, j’espère que c’est celle qu’il te faut. je dis : arrête d’avoir peur et fonce, aime-la parce que c’est beau, parce que c’est fou et doux, parce que ça passe et qu’il faut pas que tu l’aies manqué. c’est comme ça, devant toi il faut que je sois la plus forte, il faut que je t’aime assez pour te laisser partir sans pleurer.
mais je dis pas que le soir je me couche encore du côté gauche du lit, je dis pas que je laisse ta place intacte et que j’espère recevoir un appel de toi en plein milieu de la nuit. je dis pas que je souhaite que le sexe avec elle soit moins bon, ou qu’elle soit moins cochonne. je dis pas que je voudrais que tu la compares toujours à moi et qu’elle soit jamais assez.
au fond, j’aimerais ça que tu t’ennuies de moi autant que je m’ennuie de toi.

mardi 25 janvier 2011

le charme

le charme est apparu, c’en était gênant. je me souviens du temps ralenti, de mes yeux baissés puis relevés, figés. de l’oubli des mots à dire et de l’attente amusée. et il parlait si bas tout à coup qu’on ne l’entendait plus.
je me souviens d’une journée entière de doute silencieux, cristallisé dans l’espace entre nous deux. nos yeux, nos bouches. je me souviens, il m’apparait comme en songe :
« sais-tu si ça existe ? »
sa bouche demande ; à moi qui ne possède aucune réponse, que des questions. mais ses yeux, surtout : qui es-tu ?
depuis c’est la hâte que je ne m’explique pas.

samedi 22 janvier 2011

trouble-fête

les yeux qui brûlent et une fatigue qui n’en vient jamais à bout. mais ce n'est pas tout à fait ça. de toute façon le sentiment est le même. l’impression d’une fin impossible.
parce que
ce soir (et comme j’essaie de l’écrire le sens fout le camp ; l’événement devient banal tout à coup) des gens ont jugé dans leur manie de jugeurs sans jongleries sans ne serait-ce qu’une parcelle de folie d’oserie hors des sentiers battus. c’était comme si le monde se délimitait entre eux et l’autre qui avait justement trop osé poussé les limites du déjà vu de l’entendu. comme si le monde tel qu’on le connait pouvait exister sans cette ardeur de vivre insatisfaite renouvelée à chaque étoile.

dimanche 2 janvier 2011

le repère tranquille

on peut jouer à se briser le cœur à tour de rôle, s’inventer des vices de plus à cajoler à détester et en avoir notre quota de nous. on peut laisser les autres manipuler nos bibis comme si ça nous concernait pas, les laisser s’en faire une idée qu’on adopte de temps en temps, quand ça fait plus de sens et qu’il faut que les choses changent. parce qu’on est des tannants, des tannants un peu tannés qui se tannent mais jamais assez pour qu’on y croit, jamais assez pour qu’un adieu en soit un dernier. parce qu’on est des décideux à temps partiel pas trop crédibles un peu naïfs, si ça se trouve même insouciants, inconséquents même. on part on revient à la limite c’est un phénomène physique dont on a pas le contrôle, que la science n’explique pas et les mots non plus. même : ça fait si peur qu’on essaie pas de comprendre.
on peut se laisser partir encore une fois apprendre le monde l’un sans l’autre et faire comme si ça avait jamais existé. se regarder se désirer sans rien dire créer l’illusion de l’amour ailleurs et blesser sans se sentir responsable. tu peux baiser je peux me faire prendre en pensant à autre chose en revenant toujours au même endroit au repère tranquille et attendre l’orgasme qui viendra peut-être jamais. tu peux jouir dans une autre et penser que ça y est que tu m’as oubliée et avoir l’impression d’avoir réussi quelque chose.
on peut chercher la confiance ailleurs parce qu’entre nous c’est trop facile, pour se prouver qu’on est capable de plus de mieux. on peut s’exhiber à d’autres et attendre leur réaction, être soulagé parce qu’on se fait aimer malgré tout. mais se faire aimer quand on s’aime pas qu’est-ce que ça change.
on peut aller gâcher une autre histoire pour éviter de finir la notre, s’épargner l’espace d’un instant de peur de nous achever. parce qu’on carbure aux montagnes russes, même si on est à mille lieux de ta barbe à papa. parce que sans ça on s’ennuierait.
mais peut-être aussi que cette fois-ci c’est la bonne. peut-être que c’est le temps qu’on vieillisse et qu’entre nous ça se fait pas. peut-être que le moment est venu de prendre la responsabilité de l’amour et de nos actes. si c’est le cas tu le diras à ta face. parce que, si j’ai pas assez de courage pour assumer que je t’aime et que je veux pas que tu partes, si je peux pas m’empêcher d’avoir l’impression que c’est pas fini, je peux au moins te dire que je supporte pas de savoir que tu t’es pas éteint, et que si c’était pas de ta supposée conscience, on pourrait encore jouer avec le feu. de la même façon qu’on a ni besoin de rendre ça lourd, ni dramatique ou compliqué. être conséquent, c’est juste assumer ses décisions, et vivre en paix avec elles. m’éviter, avoir les yeux fuyants, ne pas me parler ou me dire la vérité : c’est ridicule. si on est pour s’aimer se détester s’envier s’en vouloir se venger se pardonner, il me semble qu’il faudrait que ça se passe la tête haute.