vendredi 15 avril 2011

c'est bien vrai qu'elle est étrange mademoiselle belle

nos NOS c'est l'os que le chien protège. quand quelqu'un s'approche de notre bouteille on grogne et montre nos crocs-jujubes. une fois simon fait la moue avec une bouche aux fraises, sortie tout droit d'un party-mix à cher et cinquante. il me donne un bi sur la main, comme font les princes des contes de fées. je dis lutin je dis nain je dis nain nain nain. les autres me pensent folle. je m’imagine à la cour de versailles dans les salons mondains. je m’imagine être une précieuse et avoir peur de l’ennui et inventer des histoires colorées et belles. « autrefois, j’avais des ennuis et je ne m’ennuyais pas ; les ennuis, c’est une grande distraction. » il était une fois des choses merveilleuses comme mon ex-prof de philo à la bibliothèque. celui qui était l’homme de ma vie quand ma vie était cégépienne. qui habite ma ville comme un gardien des songes. « allez, païen, répondez ! » moi je levais ma main moi qui jamais ne lève ma main. c’était un grand monarque qui savait mon nom il disait mademoiselle juste avant. c’était bien mignon tout ça. sinon je crois que je tremble. et puis les garçons m’ont laissée toute seule à la bibliothèque. avec une coupe vide de sucreries, des pointes de cheveux cassées et des post-it roses collés sur mon écran - qui m’insultent parce que je suis pas bonne à supermario. la table est une tempête de livres à l’envers à l’endroit et de feuilles volantes. et moi ce soir je suis une sorcière : j’élucide le mystère du cabinet des fées et de la bibliothèque bleue. et j’ai hâte que la session soit terminée.

mardi 12 avril 2011

pyromane

ma feue flamme fusée fêlée
couchée relue sur du papier -
j’aurais appelé l’air d’un trou noir
dit allô
allô allô allô

prends-le pas
prends-le pas mal
je suis creux
dans la spirale

tout aspiré moi
rien compris

écoute
cet air-là sur notre peau
les étoiles dans ta tête
écoute tes dents qui craquent
ma bouche sur ton ventre
nos corps étreints en vent
et ton silence
des jours durant
(souviens-toi)
je suis tombée dedans
sans temps sans tant savoir
- on oublie tu sais -
un éclair un orage une pluie
une fin du monde (un délire)
un retour
des mois durant
rien compris je te dis

j’ai peur à l’été parce que tes lèvres
le goût de la bière dessus
le goût de moi dessus
après le vertige les larmes
la peur de ne plus savoir comment
te perdre -
l’exil
parce que
ton linge coloré
tes souliers délassés
ta main sous ma robe
tes crises d’identité
j’ai peur à l’été comme
d’un regain d’insouciance
j’aurais appelé l’air d’un passé
à spéculations :
reviens pas mais
peut-être je sais pas
tu prieras pour que toutes mes veines
se rallument encore
tu pourras dire que je t’aime
que je t’aime à mort

vendredi 8 avril 2011

un jour ben le fun

ça a l’air de rien comme ça mais ça prend du courage. se faire dire par un inconnu de l’âge de son père : « enlève ton pantalon ta culotte pis toute »,  ça a quelque chose d’assez déstabilisant. bon j’ai voulu être polie mais en vrai ça te scrape une forme olympique en esti. sauf que t’endures et tu grimpes, t’atteins le trône de papier fripé frette qui arrête pu de faire des bruits de chiffonnage, et y colle tes founes gênées, et t’ouvres à la science comme une bonne fille avec un esprit des grandeurs, une bibliothèque pleine à craquer et des tonnes de cahiers écrits à la main avec des couleurs différentes (selon l’inspiration du moment).
J. (pas lui, mais une autre) et moi on était dans la salle d’attente, à côté de la salle de bain défectueuse et des gens qui y allaient pareil. c’était long. on dessinait des lunettes aux portraits du 24h ou du métro, leur ajoutait des piercings ou des poils superflus. des fois même on les faisait parler. genre on riait alors que tout le monde avait envie de pleurer. un moment donné, la secrétaire a appelé les prochains à passer. elle a dit : « chin wong wong » et a comme qui dirait levé la tête vers J., avec un regard insistant et tout. bon, si vous voulez le savoir, J. elle vient pas d’ici, elle a pour ainsi dire les yeux bridés ; elle a adopté ses parents comme. mais c’est quand même pas une raison pour assumer qu’elle s’appelle chin wong wong. aussi elle a senti une légère détresse et a marmonné quelque chose comme : « mais… mais pourquoi elle me regarde comme ça, c’est pas moi ! » faque on a ri toute la vie.
ou en tout cas, jusqu’à l’heure de vérité.

lundi 4 avril 2011

5 * 6 * 7 * 8


photo : Naomie K. Gauthier

on était à québec pour la fin de semaine parce que samedi soir c’était le temps de kicker des culs. on s’est pointé devant les juges avec nos converses pis nos lèvres rouges pis tout le monde criait. dans ce temps-là attendre que la musique parte c’est long longtemps : on meurt environ trente-deux fois. sauf qu’y faut pas que ça paraisse. on regarde les juges dans les yeux pis faut avoir l’air aussi méchant qu’eux. faut qu’on ait l’air de s’en foutre comme des adolescents qui s’en foutent. après on oublie de respirer jusqu’à la fin de la chorée on faiblit mais faut pas que ça paraisse. faut jamais que ça paraisse. quand tu fais une semi-split que tu tombes en pleine face que ton bâton sort de ta poche que tu fais le bout du bâton sans bâton ; les juges doivent n’y voir que du feu. même chose quand la fille manque son front flip final. parce qu’être din airs tout écartillé c’est vraiment subtil t’sais, surtout quand toute l’attention est concentrée sur toi. reste quand même qu’on a eu la deuxième place pis qu’après on a pu boire dans l’hotel pis danser sur michael jackson avec les daddy cool.

l’autre fois les parents sont rentrés d’un souper après moi qui revenais d’un party. ils étaient saouls pis pas moi. mon père renversait de l’eau minérale sur mon plancher de chambre sans s’en rendre compte pis ma belle-mère criait : « voyooooons, P ! tu pisses partout sur le plancher ! » pis ils me racontaient leur soirée dans un spa pis comment N. était tombée en pleine face « parce que c’était glissant. »

samedi soir les daddy cool prenaient des shooters de jack daniel’s pis faisaient des jokes de cul. nous les jeunes on était sorti au dagobert mais c’était tellement de la marde qu’on était revenu au concorde après même pas une heure. au sous-sol les adultes étaient saouls pis pas nous. faque on s’est joint à eux on a dansé sur girls just wanna have fun en même temps que les papas se promenaient avec des boas roses dans le cou. V. pis moi on se trouvait ben drôle on se disait heye y’est trois heures du matin on pourrait cleaner oubliez pas les filles le bras y va là quand on fait la slide pis attention aux niveaux. après ça on a fait des danses en ligne pis C. arrêtait pas de dire que j’étais matante parce que je voulais jamais arrêter.
- heye écoute j’aime ça moi les danses en ligne c’est le fun pis j’aime ça danser sur des tounes quétaines écoute c’est donc beau la vie !
faque on a fait du freestyle de matante en répétant que c’était donc beau la vie pis la musique pis la jeunesse.


j’ai oublié de dire que ça nous a pris un temps rare avant de trouver le party du sous-sol de l’hotel. quelqu’un avait entendu que ça se passait au 1118 faque on a pris l’ascenseur jusqu’au onzième mais rendu là y’avait aucun bruit. on a écouté à toutes les portes pis finalement on a cogné à celle où on entendait des gens parler. y’a une fille qui a ouvert mais t’sais le genre de fille que tu connais pas pantoute là ? c’est ça. après avoir fait tous les étages - c’est-à-dire vingt-cinq - parce que le chum à V. a eu le bonne idée de peser sur tous les pitons de l’ascenseur pour crier à chaque étage : « HEEEEYYYEEEE VOUS ÊTES OÙ !?! », on est finalement arrivé au sous-sol pis c’est ça.

vendredi 1 avril 2011

sweet charlemagne et l'océantume

1. je grossis.
2. je ne maigris pas.
3. je ne réfléchis pas à ce que je fais.
4. je ne finis pas ce que je commence.
5. je perds mon temps à l’université.
« pourquoi allons-nous à l’école ? pour nous faire écœurer. nous voulons nous en aller : les malles sont pleines, fermées, ficelées, attendent. qu’attendons-nous ? rien. pourquoi ne partons-nous pas tout de suite ? pour rien. qu’est-ce qui nous attache ici ? rien. qu’ils s’en aillent, ceux qui ne sont pas contents ! »
t'sais c'est le fun quand misteur valaire et réjean ducharme communiquent de même dans la même journée. c'est motivant.